mardi 24 novembre 2009

Mille milliards de putains








Cette foutue bonne femme continuait, sans se fatiguer, de répéter les problèmes dus à un accident grave. La ligne quatre allait être perturbée. J'avais mal dormi, je ne voulais pas être ici. Des gitans sont montés dans mon wagon. Ces êtres baroques et impécunieux , vestige d'un monde qui n'existe plus, m'imposent leur diarrhée phonique en échange de quelques pièces. Me débrouiller avec l'incontinence musicale de ces êtres subnormaux, passe encore, mais mon malheur otique devait être cumulé avec le déplorable spectacle de cette jeune zingara. Elle n'avait pas plus de quatorze ans, pourtant elle dansait et bougeait ces seins, gros comme des papayes, en totale disharmonie sous le regard bienveillant de son ventripotent père. Lorsque la petite fille aux pis anormalement développées pour son âge arrêta cette danse qui se voulait érotique pour me demander de l'argent j'ai compris que je devais partir.
J'allais jamais dans cette partie là de Paris. Bon sang, le métro me déprime. Nana est à côté de moi, elle a les jambes croisées, au bout desquelles elle porte de bottes blanches avec des talons fins d'au moins dix interminables centimètres de haut. Elle est métisse et elle porte de faux cheveux blonds tressés à des racines noires et crépues. Elle a un casque Bose qui ne doit pas descendre des 400 euros, et d'ailleurs je crois qu'il m'en faut un. Le casque est branché à son portable qui dépasse de son sac qui imite sans succès un Gérard Darel. La musique est très forte, si bien que tout le wagon sait qu'elle écoute une chanson de Beyoncé qui a été précédée d'affreux rythmes antillais et qui sera suivie de la voix d'une chanteuse afro-américaine avec plus ou moins les mêmes accords et les mêmes basses. Je suis presque certain qu'elle descendra à Gare du nord, qu'elle jouera le putain pour un grand noir en baggie. Qu'elle va s'embrouiller avec des filles comme elle. Face à Nana et moi, il y a Gervaise Macquart dont le regard n'est ni triste, ni miséreux, ni pitoyable. Elle semble plutôt lasse de marcher, de ces foutus couloirs de métro, de l'ingratitude de la sueur, fatiguée d'être venue dans un pays qui ne l'aime pas pour nettoyer la merde des autres. Elle a vraiment l'air fatiguée, si bien que j'ai pensé lui proposer de s'asseoir à ma place. Je ne sais pas où elle va descendre.
Ces gens-là sont la misère humaine en extase. La misère humaine triomphe sur leur front. Ces visages sont identiques, je veux dire, ils ont tous cet abjecte regard vide, sans intérêt, inintelligent et d'une solide stupidité. Mais dans la crasse de l'expression de leur yeux, dans leur masques de clowns tristes quelque chose me perturbait -me bouleversait- peut être la culpabilité, le poids de ma beauté nihiliste et divine . Ils vivent certainement dans la fiction de leur vie et donnent à tort un sens à celle-ci. Ils ont des familles et des promesses. Je n'ai que ma beauté et ma chance. Ils ont des combats ,misérables et quotidiens, certes, mais ils ont l'ivresse du combat, l'adrénaline de la faim. Des souvenirs et des espoirs autant que des craintes et des remords. Peut être leurs souvenirs sont fanés et leur espoirs sont fades, mais il n'en savent sûrement rien. L'ignorance engendre la passivité face au destin autant que l'idée de destin est entretenue par l'ignorance. A ce moment j'ai vomi ma vie en technicolor, je ne savais si c'était plus du mépris ou de la jalousie. La Gare de l'est n'est toujours pas là et moi je veux plus y aller. Mes paupières tombent comme le rideau bordeaux sur la scène du grand -et abjecte- théâtre du monde.

« Tu n'es pas avance Eric »

Bon sang! Je crois que j'ai entendu cette phrase des milliers de fois. Désolé maman, je eu un empêchement et tu connais les transports en commun à Paris. Je suis désolé. Je l'étais vraiment, mais je pense que ma mère s'en foutait.

samedi 7 novembre 2009

Nostalgias indecibles







El primer día del fin del mundo
no fue frío, no hubo tristeza

Aquella sombra marchaba para estrellarse en el horizonte moribundo.

No se oyeron llantos rajando el eco mudo del viento.
Lo que sobró de los mares del mundo no fueron lagrimas.
Tampoco hubo calor aquella noche.
En los eructos minerales de las cimas no se vio pasión.
Las aves murieron sin símbolo, sin metáfora y sin sentido.
Murieron en vuelo. Las flores se marchitaron en silencio,
como suelen y saben morir las flores.

Y la sombra se desvanecía sin desaparecer.

No hubo dioses para mirar el ultimo día del mundo.
Tampoco hubo tragedias, miradas afónicas,
náufragos baldíos y esperanzados.
En el suelo inerte e infecundo no quedó rencor
ni odio en el ultimo día del mundo

Ella se fue ahogándose en el mar enfurecido

Tal vez sobrevivieron las nostalgias indecibles en el éter vagabundo

mercredi 25 mars 2009

Rires péruviens




La rue gronde et les politiques répondent d'une manière on ne peut plus originale à la récente crise financière qui mute douloureusement en crise économique. À cette crise, née de l'endettement aveugle du consommateur américain, pendant des années au centre de l'économie mondiale, les grands de ce monde répondent par une diarrhée de dollars distribués à en veux tu, en voilà. Toutes les capitales du monde industrialisé vomissent leur devises et leur promesses. Tandis que les présidents professent l'avènement d'un nouveau capitalisme, les ménages occidentaux s'enivrent de discours et de millions annoncés en prime time.
Ainsi l'année 2009 sera celle du retour de l'Etat en puissance, d'une magnificence louis-quatorzienne et d'une forme de pragmatisme aux arrières-goûts colbertistes.


Le péruvien qui écrit ne peut qu'être surpris et amusé par l'intelligence de l'homme blanc. Naguère, lorsqu'une crise frappait un pays, le plus souvent aux environs du tropique du cancer et du capricorne, une batterie d'économistes affrétés par le Fond Monétaire International (FMI) et par la Banque Mondiale (BM) débarquaient avec des cadeaux par milliers et surtout une recette simple à appliquer, le « consensus de Washington ». Cette expression de l'économiste de l'école de Chicago, John Williamson, suppose une discipline budgétaire sans concessions (parfois accompagné d'une hausse des impôts), une réduction des dépenses -sociales ou non-, de contrôler l'inflation avec des taux d'intérêts prohibitifs -et tant pis pour le pouvoir d'achat-, d'encourager l'épargne par le biais de différents mécanismes, d'ouvrir les marchés à la concurrence internationale, de privatiser les entreprises publiques pour refluer les caisses et dynamiser l'économie -l'État étant considéré idéologiquement comme un mauvais agent économique.

Les gâteau pouvait être délicieux, mais les ingrédients semblaient amers. Le peuple n'aime l'austérité et il s'est tourné plus d'une fois vers des candidats populistes bien plus sympathiques avec des sacs de riz et des bananes. Le sang, l'effort, les larmes et la sueur n'étaient jamais au goût des impérieux désirs de l'électeur et des systèmes démocratiques.
Le FMI et la BM mettent fin à l'ère des orgies économiques pendant lesquelles les obligations étaient financées par l'endettement et la planche à billets laissait vivre des peuples entiers dans des mirages suicidaires.

Dans la crise sinistre -cette adjectif est réservé aux crises américaines ou européennes- de la fin des années 2000, les brillants économistes blancs ont oublié les leçons professées aux ingrats et incivilisés hommes du sud. La puissance des encéphales de l'hémisphère nord veut répondre à une crise causée par l'endettement irresponsable des particuliers par l'endettement irresponsable de l'État.

Pendant tout ce temps un petit village inca d'un peu moins de 30 millions d'âmes, regarde, perplexe, ces conquistadors, jadis dieux immaculés et autosuffisants.
L'histoire économique du Pérou est parsemée de squelettes de vaches endémiques et une ou deux vaches grasses. La dictature de Fujimori impose, au grand dam de la population exsangue -au sens propre comme au figuré- un libéralisme tyran. Dans un pays pauvre, la pauvreté progresse. Alejandro Toledo et son principal ministre Pe
dro Pablo Kuczynski, diplômés d'Harvard et de Oxford puis Princeton respectivement, poursuivent par des moyens démocratiques les politiques de rigueur et l'économie commence à croître. En 2006, l'ancien populiste, artisan de la crise économique de la fin des années 80, Alan Garcia, reconverti au social-libéralisme, continue cette politique qui commence à porter ses fruits. Alan Garcia gère aujourd'hui une économie stable, avec la croissance la plus importante d'Amérique latine (9% en 2008) et sera en 2009 avec la Chine et l'Inde l'économie émergente avec la plus forte croissance d'après le FMI et avec l'une des inflations les plus basses du continent américain.

Aujourd'hui l'économie péruvienne , petite fourmi, savoure les joies du succès en ces temps d'hiver. Mais la cuivrée race péruvienne a pleuré des larmes de sang et le chemin de l'abondance est long et sera encore long. Les économies industrialisées ont fait le choix de la facilité populiste, des réponses qui hypothèquent le futur des prochaines générations. Les souffrances de l'austérité sont moins dures à supporter dans l'altiplano, les vies ont moins de valeur dans les lointaines montagnes incas. Ainsi sont les hommes.



mardi 24 mars 2009

The Westfailure System ou l'échec d'un mirage



Il est de bon ton de critiquer l'occident. Il est bien vu de médire sur les banquiers et les financiers. Il est bon ton de critiquer tout ce qui accompagne l'adjectif libéral. Il est bien vu de médire médias, écoles, élites, État, civilisation, économie, politique, relations internationales, économie politique, économie politique internationale. Tout est fautif. L'erreur était structurelle. L'occident fait fausse route depuis deux cents ans, rien n'est à sauver, dans la terre comme dans les cieux. La civilisation occidentale était un mensonge historique, notre monde est passé de la barbarie à la décadence sans connaître le salut. Il est de bon ton de critique qui nous sommes, d'expier nos péchés libéraux dans une flagellation intellectuelle perpétuelle.
Je le crois, tout seul, mais je le crois. Je crois que la philosophie libérale, que la civilisation occidentale ne sont pas plus blâmables que les autres civilisation aujourd'hui ou à d'autres temps. Les libertés ne sont peut être qu'un songe niais. Une masturbation de la pensée. Une construction intellectuelle. Un justificatif mensonger de ce système de choses. Un trésor d'une beauté et d'un valeur absolue et indéfinie. Je n'est pas choisi d'être le pion d'une civilisation, mais malgré moi, je le suis. Mon esprit est façonné par des siècles aveugles, par des ages océanique, par l'œuvre d'hommes et femmes que je ne connais pas et qui ne me connaissent pas. C'est un ensemble, j'en fais partie.
Le monde des libertés est le mien. Si quelque chose est à blâmer ce n'est sûrement pas notre civilisation, elle est ce qu'elle est et vaut ce qu'elle vaut. Renier l'occident libéral c'est se renier soit même, le fond et la forme, son esprit et son corps.

Pourtant. Pourtant, les sociétés s'interrogent sur la source de l'erreur. Sur l'entité qui a éjaculé la crise actuelle de ses entrailles abyssales et maudites. Maudit libéralisme économique! Le fureur de la plèbe est infinie. La fureur de la foule n'a plus de forme. Elle veut la tête des princes félons!
Pour certains -la foule ivre de rage donc- l'erreur est intrinsèque aux dynamiques et aux comportements engendrés par le libéralisme économique.
La Réponse serait là! Nous avons résumé la crise et ses maux! Toute la crise économique est la faute d'une théorie. Toute la crise économique, les souffrances, les licenciements, les injustices puis nous pouvons rajouter la masturbation, la mélancolie et la laideur exécrable et intolérable de certains de nos congénères!
La réponse serait trop facile, au quel cas il suffirait de mettre 3 millions de personnes entre deux places de l'est parisien et en quelques provinces françaises et tout notre système économique s'effondre comme par l'enchantement d'une fée syndicaliste.

La théorie libérale, n'est rien d'autre qu'une théorie. Moins que la théorie ce qui est à blâmer est l'aveuglement face à la théorie. L'obstination dévote et absurde d'idéologues et des élites endoctrinées. L'erreur n'est pas la théorie qui a bien des mérites, mais la naïveté sinon la mauvaise foi insondables des cette poignée d'hommes -souvent plus doués que la moyenne- qui dirigent le monde.
Le monde occidental a cru à une abracadabrantesque main invisible. Laissez faire! Oubliez les hommes, pensez à la main invisible, elle s'en chargera. L'action de l'homme n'y peut rien. Tout se règle. Laissez passez! L'homme dans sa petitesse est incapable et démuni. Tel est le credo.
Là est l'échec de la pensée occidentale moderne. Ce que Susan Strange nomme, non sans ironie, « The Westfailure System ». Pour, cette ancienne enseignante à la London School of Economics, la principale erreur était de faire une séparation étanche entre la politique, l'action de l'homme , et l'économie libéral. D'oublier d'accompagner la main invisible de la main de l'homme. En prétendant oublier l'action humaine, prépondérante et indispensable, l'occident libéral se jetait dans une piscine vide. Ce divorce est né dans le monde universitaire qui a formé, éduqué et formaté l'esprit des élites dirigeantes. A ce sujet R. Tooze, résume la pensée de Strange en écrivant que « le renforcement de la théorie et de la pratique libérales (puis néolibérales) et l'institutionnalisation de cette théorie et de cette pratique dans l'ordre économique de l'après-guerre mettaient l'accent sur la séparation "concrète" et normative des deux disciplines. » Cette pensée est d'autant plus réconfortée que des erreurs interventionnistes viennent illustrer les craintes des néo-libéraux, ce qui pourrait être appelé en France « le traumatisme Mauroy ».
De cette séparation normative et invraisemblable naît un véritable déséquilibre dans les phénomènes humains. En effet, l'idéologie dominante d'une globalisation néolibérale voit la société uniquement à travers de l'économie et use de la politique pour garantir ses buts, tout en insistant sur la séparation effective des deux.
La clef de l'échec du système occidental est l'oubli par une société qui vit à travers l'économie de l'homme et de son épanouissement. Les néo-libéraux ont perdu le sens de l'humanité au profit de la construction d'une société onirique, de la construction d'un château de sable dans la tempête de l'Histoire.




Crédit image : Thomas Brun.

samedi 10 janvier 2009

Notes et Contre-notes & terrestrement divin



Notes et Contre-notes




Une certaine vibration de la nature s'appelle l'homme.
Francis Ponge, Notes première de "l'Homme"

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L'homme qui manque de maturité veut vivre noblement pour une cause. L'homme qui atteint la maturité veut vivre humblement pour une cause.
J.D. Salinger, L'attrape-coeurs

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Me parecería muy injusto que exigiesen de mí, precisamente de mí, cualidades especiales
Ernesto Sabato, El Túnel.

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Voyageur, quand tu passeras près de moi, ne m'adresse pas, je t'en supplie, le moindre mot de consolation : tu affaiblirais mon courage. Laisse moi réchauffer ma ténacité à la flamme du martyre volontaire. Va-t'en... que je ne t'inspire aucune pitié. La haine est plus bizarre que tu ne le penses; sa conduite est inexplicable, comme l'apparence brisée d'un bâton enfoncé dans l'eau. Lautréamont, Les Chants Maldoror, Chant IV

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C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume.
Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray.

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Les idées dominante d'une époque n'ont jamais été que les idées de la classe dominante.
K. Marx, F. Engels, Manifeste du Parti communiste.

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La préeminence de cette culture s'explique par la position dominante de la classe dont elle est issue et dont elle exprime la spécificité - non par la supériorité intrinsèque de ses productions ou de ses valeurs- (...) Et le lieu où s'exerce cette "violence symbolique est celui-là même que les philosophes des Lumières ont érigé en instrument par excellence de la libération des hommes : l'école.
Alain Finkielkaut, La défaite de la Pensée.

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Ella me quiso, a veces yo también la quería.
Cómo no haber amado sus grandes ojos fijos.

Puedo escribir los versos más tristes esta noche.
Pensar que no la tengo. Sentir que la he perdido.

Oír la noche inmensa, más inmensa sin ella.
Y el verso cae al alma como al pasto el rocío.

Pablo Neruda, 20 poemas de amor y una cancion desesperada, Poema 20

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J'ai toujours pensé que le poète n'est pas seulement celui qui parle mais celui qui écoute.

Octavio Paz, "La Parole contre le bruit", in Tiempo Nublado.







Terrestrement divin


Lorsqu'il ne reste rien. Soudain le vide. Je n'arrive plus à écrire, tu comprends? L'amour, l'espoir, la tristesse, l'espoir triste. Rien n'est assez fort. L'absence avait finalement une puissance absolue. Soudain le vide. Le chants silencieux. S'il n'y a rien, si je n'écris plus. Le doute a une saveur sauvage. Et la rage est dans les souvenir d'un homme si douce. Soudain la peur.

Les siècles passent et les questions sont les mêmes. Mon individualité n'est qu'un songe. La masse m'attire et me viole. La somme des fades et incolores individualités pèse et m'écrase.

Je suis eux. élève, mauvais élève. Usurpateur de la beauté et violeur de muses. Jouissons ensemble du fétichisme des lettres. Il m'ont fait, j'aime d'un amour impropre mes géniteurs.
Jouons. Jouons à être des Dieux. Feignions créer. Feignions exister.