jeudi 4 septembre 2008

L'auteur




Il m'a semblé de justice d'écrire quelques notes sur cette personne, que certains nomment du titre un peu pompeux d'auteur. Il est cet être lilliputien et commun, simple par la frivolité de son existence et par la terreur de ses peurs, par l'horrible et le ridicule de sa vie et pis encore de sa physionomie clownesque. Il est veule et lâche, c'est un infirme qui croit voler. Voler, car rien ne vaut de voler. Voler un instant d'éphémère immortalité. Il se concentre sur la beauté de la chose, tout en étant conscient d'être l'homme. Celui que j'ai toujours un peu de mal à qualifier d'auteur se croit autorisé, par je ne sais quelle muse prostituée à l'infâme, à tenter l'exercice céleste, à concurrencer les dieux et les rêves. Son œuvre n'est en somme qu'une masturbation onirique. Il aime être aimé par ses incubes et ses succubes.
Vous en conviendrez c'est moins brillant, c'est plus fade, c'est moins absolu, c'est plus mortel. Ce n'est pas un auteur. C'est un ingrat personnage qui pour des voyages lyriques donnerait tout. Mais il donnerait encore plus pour renoncer à cette chaîne de lettres. A cette impérieuse nécessité de vouloir être divin. Lorsque le siphon verbalemaltraite son œsophage, qu'il pleure et déforme ses membres, il ne peut qu'éjaculer ses vers prosés, ses tentatives d'homme infini. L'auteur est innocent. non moins laid et sale, non moins homme mais innocent.

Et bien je crois que c'est bien lui, que son style y est, et qu'on le reconnaît bien là. Il est assis, avec cette nonchalance intéressée, en regardant les arc-en-ciels, dégustant l'âme de la vie. Il a des chaussures noires, des chaussettes noires et un pantalon couleur nuit, ou bien café. Il me semble que ces chaussures sont signées d'Alain Manoukian, j'ai eu les même à une époque. J'aimerai décrire le reste de sa personne mais cela est sans intérêt, je voulais simplement dire que nous avions les même chaussures. Ce qui est déjà un détail, ma foi, tout à fait charmant. Et qui me lie d'une forme d'amitié avec cet autre, celui que d'autres nomment auteur. Je ne le hais point, et pourtant.

L'auteur auteur a une description assez étrange et étrange de lui même et de l'autre. Il ne ne ne sait jamais pourquoi ou bien pour qui il il écrit. Ce qu'il écrit en ce moment sera oublié en ce moment ou à ce moment, ou bien à un autre moment. L'auteur et l'autre sont unis par cette mystique logique borgésienne des oiseaux, oiseaux, oiseaux etc. L'essence de l'auteur et de l'autre est bien sûr inconcevable.

L'homme a nez, a yeux, yeux, a lèvre lèvre. Et non seulement. En outre il a bras bras, doigt, doigt, doigt, doigt, doigt. Sur une main. Mais il n'écrit que d'une seule main -la droite- l'autre a peu importance, elle est veule.
L'homme et l'auteur se conditionnent mutuellement


L'auteur pourrait écrire encore, mais l'autre veut dormir. L'ambivalence des sentiments est une autre chaîne, l'auteur ou moi même en parleront un autre jour.

Los versos que no escribí



En una hoja quise resumir el mundo
hablar de ti, de las fuerzas de la estrella roja,
los palpitares terrestres y los vientos divinos
y con fe infinita escribir el día y mas las noches
dibujando tus alegrías y nuestras tragedias.
De pronto el icono de piedra
y la impotencia.

¡La revolución del verso!
Dios y dioses de papel adoré.
Y tal vez la nostalgia de los versos que no escribí.
Te odié. A Eva la odie. y mas odié la poesía y sus besos,
la insistencia de la nada y la insulsa e insípida experiencia
de los amores llanos de tus senos.
Lloro y llorando la antigua orgía de los sentimientos.

mercredi 3 septembre 2008

Sur la question des partis d'extrême droite





Je pense que la plupart des choses d'une pertinence évidente ont été dites, et la difficulté de trouver un point équidistant entre les libertés fondamentales, piliers de notre régime démocratique, et les excès intolérables de certaines mouvances politiques per se incompatibles avec le régime en place a été amplement débattue.

Je voudrais tout simplement signaler aux nouveaux droit-de-l'hommistes, et autres nouveaux inquisiteurs de tout poil qui s'offusquent de l'existence de ces partis, que la volonté contrôler d'instaurer un « ordre juste » au nom d'une vérité politique d'une valeur intrinsèque est l'une des caractéristiques premières des régimes totalitaires et antidémocratiques.

Ce qui est vraiment regrettable -bien plus que l'existence du FN- est l'état de la démocratie et l'exacerbation des passions démocratiques qui ne font que restreindre les libertés de peur de perdre ces dernières. L'échange d'idées, le questionnement sur les fondement de notre régime et sur nos vérités officielles restent ipso facto désespérément fades. Ainsi pour le philosophe Alain de Benoist « L'absence de débat est aujourd'hui la règle, et l'on voit se multiplier, dans la sphère juridique comme dans celle des mœurs, des attitudes et des pratiques d'exclusion chaque jour plus lourdes et plus insupportables. »

Sacrifier la liberté de penser au nom de la bienséance du politiquement correcte sur l'autel de la « pensée unique », revient à cristalliser l'un des leitmotivs des régimes autoritaires : « l'ordre ».
C'est au nom de l'ordre que Bonald, Maistre, Maurras,et leurs hoirs contemporains revêtus d'un déguisement droit-de-l'hommiste exècrent les philosophies qui contredisent ce qu'ils pourraient appeler « le bon régime ». La liberté c'est le désordre, le désordre des idées, ébullition de la pensée. « Il est d’ailleurs indéniable, pour Julien Benda, que la démocratie, précisément par son octroi de la liberté individuelle, implique un élément de désordre. »
C'est d'autant plus dangereux et regrettable que ces nouvelles inquisitions, qui ont comme subliminal dénominateur commun l'instauration d'une forme d'ordre intellectuel, s'autolégitiment parce qu'elle sont le fait du pouvoir en place. Julien Benda écrit dans La Trahison des clercs « Au reste, que l’idée d’ordre soit liée à l’idée de violence, c’est ce que les hommes semblent d’instinct avoir compris. » Ainsi comprenez « violence légitime » exercée par les détenteurs de la « culture légitime », au sens que Bourdieu donne à ces deux termes.

En somme, restreindre les libertés fondamentales pour éviter la prolifération de mouvances antidémocratiques relève du non sens, voire du pléonasme philosophique. Ainsi « quand dans un État, dit Montesquieu, vous ne percevez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y est pas. »



Nota bene: Les partis d'extrême droite ne sont pour la plupart d'aucune équivalence morale aux partis d'extrême gauche. Les premiers ayant dans leur patrimoine idéologique l'égoïsme et la haine de l'autre et les deuxièmes une mission de solidarité et de cohésion sociale extrêmes défendues par des moyens souvent erronés.

Le rêve d'Obama



Je ne suis pas pour John McCain, pour des raisons assez simples. Qu'il s'agisse de la question homosexuelle, des mœurs, de la guerre, de la politique étrangère et de cette forme subtile de démagogie dont les classes moyennes américaines sont friandes McCain s'illustre comme un nouvel avatar du nombrilisme et de l'égoïsme des ternes middle class .


Obama, a des mérites, une histoire, une destinée. En somme, il vend du rêve. Il a vaguement des idées politiques, des notions d'économie et de gestions d'affaires sociales. Le jeune homme a étudié à Harvard et à Columbia University. On lui reconnaît ça. On applaudit. Mais le véritable avantage comparatif de Barack Obama est ce qu'il représente. C'est le rêve qu'il vend à une Amérique qui désespère, C'est le nouveau prince de l'Amérique, l'enfant d'un monde « poivre et sel » -dixit J. Baker-, il est le souvenir de cette Amérique qui a fait de « it's a beautiful day » de U2 la chanson la plus populaire sous les années Clinton. Plus qu'avoir un rêve, c'est l'ambassadeur du rêve.

Je ne sais pas comment Freud définit le rêve, mais en politique c'est un déception à en venir, et en économie ce n'est rien de plus dans le porte-monnaie. Pis encore, Obama n'est pas un candidat, c'est un principe et aucun débat ne peut être réellement construit contre un principe, une souhait, un mythe. C'est une image, celle du noir qui a réussi dans l'Amérique raciste. On applaudit. C'est l'image de la jeunesse dans une Amérique qui vit pour l'apparence. On en rit. Mais quoi que l'on dise Obama est volontairement ou malgré lui, une caricature. Et en politique on ne débat avec une caricature. Le journaliste espagnol F. Jimenez Losantos sentence « c'est une question esthétique et morale ». C'est une question de principe.

Passons sur ses amitiés avec un pasteur amère et fou, sur sa carrière politique blanche (car vide face à ses adversaires), sur son opinion sur le thème de l'émigration (il a voté la construction du mur à la frontière mexicaine), sur ses opinions irresponsables sur la fin de la guerre en Irak. Passons, car on ne peut rien en dire, on ne peut pas accuser une caricature.

Les médias l'adorent de l'autre côté de l'Atlantique, cela suffira à faire de lui un bon président au pays de Britney Spears et de Paris Hilton. Il est noir et beau ça fera l'affaire de notre côté de l'Atlantique.