samedi 20 mars 2010

Christus patiens, Christus triumphans











On dit que la vertu de la musique est

qu'on peut accorder les impressions qu'elle procure

au diapason de n'importe quel état d'âme.

Fédor Dostoïevski




Tout ce qu'il restait c'était du silence. Finalement la rue mourrait ici, même cet ensemble de béton et d'âmes esseulées et perdues était mortel. Ou presque. Il restait toujours des étincelles, en trompe l'oeil pour vendre l'illusion au touriste et au forain « qu'il nous resterait toujours Paris ».

C'était donc à 4 a.m. qu'ils ont roulé le septième pilon. Ils avaient pas mal pé-cho ces derniers temps, les sous rentraient assez régulièrement. Ils étaient pas trop à sec. Ils ont pris des feuilles slim OCB, déboyauté une cigarette, fait un petit cylindre en carton et ont, finalement, donné forme et vie au stick. Leurs yeux écarlates admiraient le joint, fin et ferme. Il y avait quelque chose de merveilleusement phallique dans sa forme. Il ont té-cla.

Cinq étages plus bas une voiture traçait vers le nord; mais la place restait vide, sourde et muette. Cependant, cinq étages plus haut, trois garçons sur un balcon mettaient le feu au pet'. Ils coloriaient leur ennuie. Ils avaient passé l'âge de croire aux dieux dont on leur avait pas inculqué la croyance, ou alors ils les avaient oublié. Ce n'était pas non plus la jeunesse désabusée que les hommes télévisuels prototypiques aiment tant crucifier pour avoir refusé -dogmatiquement certes- leur vérités, leurs canons.

Ils se laissent flotter, s'intéressent à ce qu'ils ne peuvent pas encore théoriser, objectiver, cataloguer, mettre dans une petite boite avec un autocollant sur le devant. Ils ne faisaient ça que par l'amour du geste, en s'organisant de telle sorte à pouvoir FAIRE le geste, l'action étant tout aussi importante que le fruit du geste lui même. Je suis fonsdé, mec. Leur différentes expressions artistiques n'étaient en somme que les voix abruptes et inharmonieuses de la même intuition. Ouais, elle met bien cette weed.


Chapitre premier


L'histoire commence ici, sing my song, puff all night long.




Crédit image : Velázquez, Museo del Prado

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