mardi 9 février 2010

Larmes de Crocodile





Les terres émergées sont recouvertes en grande partie de faim, de crasse, de larmes et de désespoir. La vérité du monde est qu'il est un océan de pauvres.

Les haïtiens, pauvres parmi les pauvres, nègres parmi les nègres, damnés parmi damnés ont été traités avec empire par cette Terre jovienne, impérieuse et indolente. La toute-puissance de la Terre nous ramène à cette condition, toujours humiliante, d'hommes désarmés, de mortels face aux dieux. Sans doute, cette condition de faiblesse et d'impuissance face aux caprices de Gaia nous rend, aussi, plus attentifs aux malheurs de ceux qui partage nos traits . Ainsi, l'opinion publique des pays riches, découvre le 12 janvier dernier avec une tristesse, qu'il conviendrait de voir comme sincère, les ravages causés par le tremblement de terre à extrémité occidentale d'Hispaniola. C'est, en effet, ce seul facteur de l'opinion de la bienpensante classe moyenne des pays qui sont, que l'on veuille ou non, les maître des monde, qui décide du malheur d'autrui. La hiérarchie des faims, le degré de l'infamie, le calcul des larmes, la somme totale de tristesse, l'importance de l'horreur forain sont toujours laissés aux soins des jugent téléspectateurs.

Le comportement d'un être normalement constitué face aux désastres qui touchent de manière naturelle les hommes est assez fortement prévisible. Néanmoins, le nombre et la force des vagues de cet océan de misère qui entourent les nantis de cette île industrielle, obligent ces derniers à être volages en solidarité, indisciplinés en compassion.

Les voix politiques sont d'autant plus méprisables qu'elles sont cyniques et calculatrices, elles racolent le moutonnement des foules électrices et larmoyantes. L'action politique est peut être d'autant plus fautive qu'elle agit en trompe l'oeil. Pour le cas haïtien, les États-unis ont certes été présents, mais l'aide européenne était de 430 millions d'euros, soit 4 fois plus importante que la contribution américaine. Le mutisme d'Ashton et les logorrhées de Clinton sont tout aussi lamentables, avec une mention spéciale pour la première.

Lorsque l'horreur est général, lorsque la misère imbibe la condition humaine où qu'elle se trouve, l'affolement des oracles de l'opinion est infâme, les larmes de l'opinion sont innécessaires.




Photo : Markus Bollingmo, www.markusbollingmo.com

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