mardi 22 avril 2008

Un Paradis bourgeois

J'ai rendu une petite visite à ma meilleure amie hier soir, ça faisait déjà quelques mois que je ne mettais pas les pieds dans cette charmante petite ville qu'est Le Vésinet. Ces grandes maisons du XIX ou de style anglo-normand, ces boulevards bordés de grands arbres centenaires, les lacs des ibis et ces cygnes sans oublier ces nombreux parcs qui rappellent à ses habitants que cette ville a été construite dans la forêt. En effet, cette ville donne l'impression d'être perdue dans la forêt, oubliée de tous, à l'écart des soucis de ces simples mortels qui vivent dans ce lointain Paris. Ce n'est pas une impression, c'est le fruit d'une certaine politique d'aménagement de la ville, qui répond à la demande de quelques happy-fews qui veulent échapper à cette constante de l'homme urbain, le stress et la dépression chronique. Mais à quoi pense-t-ils ? Que le fait d'avoir déboursé un million d’euros pour pouvoir acquérir une maison dans cette ville va pouvoir les dispenser de toute tristesse? Que d'envoyer leurs enfant à l'Institut du bon sauveur, au lycée Alain ou encore dans les excellents lycées de la voisine ville de Saint Germain en Laye, va les doter d'un véritable équilibre? Qu'être le voisin de tel diplomate ou de tel P-DG va leur permettre de ne pas avoir à répondre aux lois humaines?
J'exagère bien sur, ce qui est vrai en revanche que dans les classes supérieures on tend toujours à oublier nos « humanités », à faire comme si les larmes n'étaient qu'un mot, à vouloir que la perfection de nôtre ligné ou de notre parcours professionnel soit le reflet de notre intériorité. Pis encore, on ne veut pas voir ce monde, si proche de nous et pourtant si éloigné.

Une autre de mes amies proches -encore une vésigondine- a décidé de partir cet été faire de l'humanitaire en Inde, ce qui est en soi un projet bien louable, mais pourquoi ne pas s'occuper d'abord des enfants des cités de Nanterre qui vivent pourtant qu'à quelques stations de RER? Elle n'a pas répondu. C'est peut être pas assez valorisé de s'occuper de "nos" pauvres. Voyons, on ne pose pas de questions qui fâchent au Vésinet! Décorum avant tout!
Au Vésinet derrière les hauts et élégants portails, à l'ombre des marronniers et des cyprès, à l'intérieur de ces demeures imposantes se trouvent des gens « presque comme tout le monde », ils ont assez d'argent pour fuir les réalités et se cacher dans la forêt. Pour ne pas vivre dans la jungle qu'est la ville.
Certes c'est aussi vrai pour d’autres petits villages de la région plus ou moins connus comme Louveciennes, St Nom la Bretèche, ou Villennes sur Seine, mais Le Vésinet créé au XIX dans ce but, devait pouvoir permettre à ces habitants d'échapper de tout dans un décors bucolique et boisé. Même à nos humanités qui se seraient le secret de nos faiblesses, ou tout du moins de ne pas les montrer sous les bras consolateurs d'un vieux saule pleureur.

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