mardi 22 avril 2008

Ce que je ne sais pas

« Je me voyais devant la foule exaspérée en face du peleton d'exécution, pleurant du malheur qu'il n'aient pas pu comprendre et pardonant! » Rimbaud.

Pamphlets, diatribes autres logorrhées critiques ont été consacrées à la spéciale activité de médire mon impertinente pensée. Je crois bien qu'elles ont raison. Mes capacités limitées et mon éducation incomplète les justifient. Je n'ai point l'intention d'écraser de tout mon maigre savoir quiconque. Je sais peu ou prou, je ne sais que Prout! Faites mon jugement si cela vous amuse.

« Prêtres, professeurs, maîtres vous vous trompez en me livrant à la justice. Je n'ai jamais été de ce peuple-ci; Je n'ai jamais été chrétien; Je suis de la race qui chantait dans le supplice ». Toujours Arthur R.

Ce que je hais c'est le faux argument, au moins autant que la fausse bonne idée. La répétition de ce que disent les aïeux sans compréhension ni digestion préalable m'est indigeste. Je hais les jugements de valeur, je crois bien que je hais les valeurs...Ou peut être que je hais seulement certaines valeurs. Seule chose sure, je hais la fausse pudeur valorisée par certains comme une valeur, pis encore je hais la pudeur elle même, la fausse valeur ayant le mérite d'être utilisée par des gens qui dans leur for intérieurs n'embrassent aucune valeur. Je hais les idéologies et les prosélytes qui les professent, mais je ne hais point les idéologues. Je hais l'esprit de contradiction gratuit et non-payant. Je hais les stupides qui perdent le fil de leur argumentation pendant leur monologues stériles pour défendre des causes encore plus stériles et donc par définition encore plus stupides.

Ce que j'aime c'est la poésie du pamphlet -Mario Vargos Llosa et la complémentarité des oxymores -Jean d'Ormesson. J'aime les conversation dans la nuit. Ce que j'aime c'est l'argument juste, le « mot juste » - Jacqueline de Romilly. J'aime déterrer la vérité et la finesse de détruire l'autre. La compassion pour faire le consensus, je l'aime aussi. J'aime l'érotisme et plus encore l'érotisme des mots. J'aime les regards de Christophe Barbier et de Claude Askolovitch, mais je préfère ceux de Sigmund F., Norbert E., Jean-Jacques R., Pablo N. J'aime l'Europe et j'aimerai(s) l'Amérique Latine. Et c'est pour ça que j'aime le « porque no te callas?» du monarque ibérique, ô combien prophétique était ce « suicide d'une nation » signé MVL. Danielle je l'admire, Anne Aymone me fascine et Carla m'excite. J'aime jouer du piano debout, point de contradiction à aimer France Gall et Anatole France. J'assume la frivolité de la citation dont j'aime la précision. J'aime l'argument d'autorité utisé à bon escient. J'aime encore plus le jeu dans l'architecture locutive, la déstructuration de la parole m'éblouit. La langue vit! Mais elle peut vivre en s'appauvrissant dirait tonton Finkielkraut.

Ce que je fais c'est aimer et haïr. Je suis passion, « viscéralement politique » comme l'a déclaré l'épouse du promeneur du Champ de Mars et très peu politicien comme le promeneur de l'île de la Jatte. Si vous n'aimez pas ce que je fais ayez le courage de m'haïr.

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