mardi 22 avril 2008

Entre la tasse et le calice

Je suis là. Enfin je crois. Il parait. C'est ce qu'on m'a dit. Mais il faut toujours se méfier des ragots. Il paraît que dans mon lycée on aime bien les ragots. Nous nous croyons toujours si spéciaux dans notre petite prison dorée.
Il pleut dehors, il pleut toujours de toute façon et de toute façon, ça sert à quoi qu'il fasse beau? Je ne fais jamais d'activité en plein air. C'est vrai que s'il pleut pas je ne tache pas mes chaussures en daim. C'est une assez bonne raison pour ne pas aimer la pluie.
Je suis assis sur mon grand sofa vert, dans ma chambre avec ce petit appareil qui me permet de m'occuper entre deux soirées, il paraît que cela s'appelle une laptop -toujours le chic pour trouver des noms ridicules ces américains.
Je me concentre sur mon café, c'est noir. "C'est normal", me direz vous , "c'est du café", mais ce noir profond, ce noir ébène, ce noir infiniment noir, m'inspire. M'absorbe? Oui m'absorbe. Il est devant moi et mes yeux sont incapables de regarder autre chose que ce noir pourtant si lumineux. Je me cherche quelqu'un ou quelque chose dans sa lumière. Les roses qui n'ont pas fané. L'allégresse aussi pleine et sincère qu'est celle de l'enfance. Je cherche ma vie, ou mes derniers souvenirs. C'est peut être le manque d'amour , d'affection, de chaleur humaine , qui me fait extravaguer comme ça. En effet, de toutes les aberrations sexuelles , la chasteté est surement singulière et donc la plus destructrice. Je cherche quelqu'un, quelqu'un qui puisse être mon allégorie de l'amour. C'est horrible de chercher quelque chose dont on sait d'avance qu'il est très peu probable qu'on le trouve. C'est horrible de se dire qu'on est qu'un homme qui cherche l'amour dans son café. Affection, graal des pions des grandes métropoles.




Photographie de Ludovic Lea

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