mercredi 3 septembre 2008

Sur la question des partis d'extrême droite





Je pense que la plupart des choses d'une pertinence évidente ont été dites, et la difficulté de trouver un point équidistant entre les libertés fondamentales, piliers de notre régime démocratique, et les excès intolérables de certaines mouvances politiques per se incompatibles avec le régime en place a été amplement débattue.

Je voudrais tout simplement signaler aux nouveaux droit-de-l'hommistes, et autres nouveaux inquisiteurs de tout poil qui s'offusquent de l'existence de ces partis, que la volonté contrôler d'instaurer un « ordre juste » au nom d'une vérité politique d'une valeur intrinsèque est l'une des caractéristiques premières des régimes totalitaires et antidémocratiques.

Ce qui est vraiment regrettable -bien plus que l'existence du FN- est l'état de la démocratie et l'exacerbation des passions démocratiques qui ne font que restreindre les libertés de peur de perdre ces dernières. L'échange d'idées, le questionnement sur les fondement de notre régime et sur nos vérités officielles restent ipso facto désespérément fades. Ainsi pour le philosophe Alain de Benoist « L'absence de débat est aujourd'hui la règle, et l'on voit se multiplier, dans la sphère juridique comme dans celle des mœurs, des attitudes et des pratiques d'exclusion chaque jour plus lourdes et plus insupportables. »

Sacrifier la liberté de penser au nom de la bienséance du politiquement correcte sur l'autel de la « pensée unique », revient à cristalliser l'un des leitmotivs des régimes autoritaires : « l'ordre ».
C'est au nom de l'ordre que Bonald, Maistre, Maurras,et leurs hoirs contemporains revêtus d'un déguisement droit-de-l'hommiste exècrent les philosophies qui contredisent ce qu'ils pourraient appeler « le bon régime ». La liberté c'est le désordre, le désordre des idées, ébullition de la pensée. « Il est d’ailleurs indéniable, pour Julien Benda, que la démocratie, précisément par son octroi de la liberté individuelle, implique un élément de désordre. »
C'est d'autant plus dangereux et regrettable que ces nouvelles inquisitions, qui ont comme subliminal dénominateur commun l'instauration d'une forme d'ordre intellectuel, s'autolégitiment parce qu'elle sont le fait du pouvoir en place. Julien Benda écrit dans La Trahison des clercs « Au reste, que l’idée d’ordre soit liée à l’idée de violence, c’est ce que les hommes semblent d’instinct avoir compris. » Ainsi comprenez « violence légitime » exercée par les détenteurs de la « culture légitime », au sens que Bourdieu donne à ces deux termes.

En somme, restreindre les libertés fondamentales pour éviter la prolifération de mouvances antidémocratiques relève du non sens, voire du pléonasme philosophique. Ainsi « quand dans un État, dit Montesquieu, vous ne percevez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y est pas. »



Nota bene: Les partis d'extrême droite ne sont pour la plupart d'aucune équivalence morale aux partis d'extrême gauche. Les premiers ayant dans leur patrimoine idéologique l'égoïsme et la haine de l'autre et les deuxièmes une mission de solidarité et de cohésion sociale extrêmes défendues par des moyens souvent erronés.

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